À regarder les choses un moment, on finit par capturer du temps.
On croit que le regard est dans le vide alors qu’il s’est logé dans l’angle, en bas à droite, en haut à gauche, au beau milieu, dans les bras de lignes qui s’enfuient, dans un coin rivé puis dans l’autre accroché. Ça dure un moment, ça dure longtemps. Ça ne dure pas. Ça passe. Ça finit par passer.
Forcément.
À regarder les choses un moment, puis deux, puis trois, on se crée des horloges et fabrique du temps. Des heures, minutes, secondes. Des moments qui s’écoulent.
C’est de l’anti Bresson. Plus d’instant décisif.
Plus qu’une suite de moment d’un même objet si fixe qu’il nous donne le tournis.
À regarder les choses un moment, long moment, le temps nous donne à voir.
MD